• Plaintes et doléances de la paroisse de Fillé. Le citoyen Tanchot, premier Maire de Fillé-Guécelard.

    Paragraphe précédent : réunion dans la campagne suzeraine en juin 1989 d'une classe du Collège TROUVE-CHAUVEL de la SUZE autour du thème "les cahiers de Doléances" et notamment ceux de la paroisse de Fillé.

     

    Plaintes et doléances de la paroisse de Fillé.

     

    ci-dessus, plan de la section de Guécelard, à droite la Lande du Bourray .

     

     

     

    Déjà en 1769 : la révolte des croquants c'est la lande du Bourray où les habitants pauvres de FILLÉ avaient coutume de se réunir comme ceux de Guécelard, Roezé et Parigné le Polin, d'aller faire paître leur bétail dans les prés de la Lande et se révoltent, révolte qui présage les cahiers de doléances..

     

    En trois ans, le prix de la livre de pain est passé de 1 sol 3 deniers à 3 sols 8 deniers voire 4 sous tandis que dans le même temps le salaire d'un maçon n'a pas bougé et que le salaire moyen d'un ouvrier est de 30 à 40 sous par jour.
     

     

     

     

     

    Plaintes et doléances de la paroisse de Fillé.

    En 1771, l'église médiévale de St-Martin de Vertou subit un incendie : celle-ci est refaite à partir de la structure ancienne conservée.

     

    1. En Juin 1777, un recensement cadastral est établi : il s'agit plutôt d'une estimation du produit annuel des biens de la paroisse de FILLÉ et de GUÉCELARD pour parvenir à l'égalité et à la proportionnalité des impôts et notamment dans le calcul de la Taille. Ce document fait état de la propriété, de l'exploitation et de la composition des biens dans les détails de tout ce qui appartient, d'une part à l'Église, aux Nobles et aux plus riches.

     

     

     

    Ce dernier paragraphe "En juin 1777... plus riches" est extrait des Données chronologiques sur l'histoire de Fillé sur sarthe remises par Pierre Gouet au Maire de Fillé( P. Gouet 2005/2006).

     

     

     

    A la même époque (1777) le Chanoine Le Paige écrit de Fillé dans un ouvrage qu'il dédie au frère du Roi :
    "le sol produit du bon seigle, de l'avoine et du carabin ; il y a des vignes dont le vin est médiocre, le rouge n'est pas mauvais. Il y a à Fillé beaucoup de landes".

     

    En Juin 1787, le bail de la ferme du Gros Chesnay établit une bonne fois au Métayer qu'il doit fournir chaque année une charge de froment, une charge de seigle et une charge d'avoine : mesure du Mans comble ou ras le bois mesure de la Suze rendues dans les greniers du château de Buffes.

     

    1789 L'abbé ACHARD est curé de la paroisse de FILLÉ et de GUÉCELARD.

     

    Monsieur Louis-Marie DANIEL DE BEAUVAIS assista à l'assemblée de la Noblesse du Maine, il y représenta Madame Veuve DANIEL DE BEAUVAIS, dame du Gros Chesnay.

     

    Convoqués au son de la cloche, les habitants assemblés établissaient sous la conduite du Syndic Pierre Héron le cahier des plaintes et doléances de la paroisse de FILLÉ. On le remarque bien que tout se passe encore sous la conduite de l'église. C'est au son de cloche que les habitants bien ancrés dans leurs réflexes réagissent. Le cahier est établi au nom de la paroisse de FILLÉ qui semble agir ainsi en ce milieu simple et rural et peu touché par les évènements parisiens pour le compte de l'esprit de justice et de liberté et contre les grands dérèglements qui ont trouvé leur source dans la féodalité. Combat fratricide qui sera contre productif tant pour l'un comme pour l'autre. 

     

    Les nobles comme les tenants de l'église seront soit contraints d'épouser les principes révolutionnaires ou de baisser les bras, soit encore de s'enfuir pour jouer ensuite la revanche avec la chouannerie.

     

    Paragraphes en italique et en lettres bleues extraits des Données Chronologiques Pierre Gouet 2005-2006.

     

    Ainsi, les cahiers de doléances sont des registres dans lesquels les assemblées chargées d'élire les députés aux états-généraux notaient vœux et doléances, les plus notoires restent, bien sûr, ceux de 1789. Non seulement les trois ordres (clergé, noblesse, tiers état) sont appelés à élire leurs députés mais encore tout le peuple du royaume est-il invité à rédiger des "cahiers de doléances, plaintes et remontrances" dont les synthèses seront portés au roi par les députés de chaque sénéchaussée. Dans le Maine, la sénéchaussée principale était celle du Mans avec 16 000 habitants.

    La rédaction de ces cahiers débutait dans les villages et les paroisses avec la rédaction des "cahiers de paroisse". Ainsi, la paroisse de FILLÉ rédigea son CAHIER DE
    DOLÉANCES :

     

    Voici le texte signé par ceux qui savaient lire et signer... mais la basse couche de la population, les journaliers, les jeunes adultes, les pauvres paysans ou métayers entendaient ces "sages" évoquer dans leur patois ce qui leur semblait libérateur... Ils ne pouvaient donc qu'y souscrire.

     

    (extraits des Données Chronologiques de Pierre Gouet - 2005-2006).

     

    Plaintes et doléances de la paroisse de Fillé. Extrait cahier de doléances Fillé

     

    document personnel (archives départementales).


    traduction de la page :



    PLAINTES ET DOLÉANCES DE LA PAROISSE DE FILLÉ, SÉNÉCHAUSSÉE DU MANS



    Aujourd'hui, 8 Mars 1789, les habitants assemblés au son de la cloche par leur syndic, d'après les ordres qui lui ont été signifiés de la part du Roy :



    Demandent :

     


    1°) Qu' il ne soit dorénavant établi d'impôt que du consentement des

    états généraux les quels soyent assemblés tous les cinq ans au

    moins



    2°) Que les ministres du Roy soyent responsables de l'argent qui leur

    sera confié.



    3°) Que toutes les impositions soyent réparties sur chaque citoien à

    proportion de son bien, qu'il n'y ait plus de privilèges pécuniaires et

    d'exemptions, que le clergé la noblesse et le Tiers Etat soyent tous

    assimilés dans la juste répartition des impôts.



    4°) L'abolition des droist de franc fief qui rapportes peu au Roy et est

    très onéreux au tiers état par les exactions qui s'y comettes.



    5°) Que la taille soit abolie et remplacée par l'impost territorial, mais

    si les circonstances l'empeschent, que la taille ne soit plus arbitraire,

    mais réelle et estimée dans la juste proportion des biens, afin que

    chaque habitant sache ce qu'il doit payer et ne soit plus la victime du

    caprice ou de la vengeance d'un collecteur.



    6°) Que la gabelle soit abolie comme onéreuse et criante, mais si les

    circonstances forcent les Etats Généraux de la conservé, que le prix

    du sel soit modéré celui de 13... La livre que la paroisse paye est

    exorbitante et écrase la classe du peuple.

    7° Que les aides qui coûtent beaucoup de frais soyent (*) supprimées ou comprises dans l'impôt

    territorial. Si les États Généraux sont obligés par les circonstances de les conserver, on demande

    que les droits en soient modérés, répartis en proportion de la qualité du vin. Il est injuste que

    toutes espèces de vin paye également le pauvre qui consomme celuy (*) de la moindre espèce en est 

    surchargé.

    8° Le droit de contrôle est onéreux par les demandes exorbitantes des contrôleurs, les habitants

    de la campagne peu instruits ne peuvent se défendre contre leurs exactions ; on demande que les

    droits soyent (*) modérés et simplifiés qu'il soit dressé un tarif aisé à comprendre et qui ne donne

    pas lieu à des interprétations arbitraires, la plupart des habitants veccès (sic) ne font plus de

    contracts (*) de mariage.

    9° Que personne ne soit exempt de l'imposition pour les chemins servant au clergé et à la Noblesse,

    il n'est pas juste que le Tiers État les payent seuls.

    10° La milice, telles qu'elles se tire, désole les campagnes, enlève à l'agriculture des bras utiles et fait 

    marcher à la guerre des hommes malgré eux, on demande de donner au tirage de milice, qui tombe

    sur le pauvre peuple, un otre (*) qui ne soit pas si onéreuse.

    11° Les féodistes (*) des seigneurs font souvent des exactions sur les gens de la campagne, on demande

    qu'il soit dressé un tarif modéré de leurs droits, que les charges d'huissiers priseurs dans les campagnes

    soyent (*) supprimées , étant une surcharge pour le peuple et une diminution d'émoluments pour les

    notaires dont les charges mentenant (*) rapporte très peu et ne sont pas suffisantes pour récompenser

    des gens instruits, un bon notaire est pour les habitants de la campagne un homme précieux.

    12° On demande une réformation dans les frais de justice qui ruine les plaideurs, une augmentation de

    pouvoir aux présidiaux pour juger en dernier résort (*) d'une somme plus forte qu'on ne le fait.

    13° Qu'il y ait sur les entrées des villes moins d'exactions et qu'on ne paye pas double billette.

    14° Empêcher les pauvres vagabonds de mendier, établir dans les paroisses des bureaux de charité,

    des secours, des sœurs de charité pour soigner les malades, instruire les jeunes filles qui devenant

    mères sont chargées de l'éducation de leurs enfants. Les biens n'ont été donnés à l'église que pour

    le soulagement des malheureux, et ceux qu'elle a dans chaque paroisse devraient estre (*) imposés 

    pour y faire des établissements utiles.

    15° Les dixmes (*) ont été accordées pour le culte divin. Les chapitre et maisons religieuses en

    possèdent la plus grande partie et laissent très peu aux pasteurs pour vivre et pour soulager

    les pauvres. Les habitants, pour avoir une seconde messe, son ont (sic) obligés de payer un vicaire,

    lequel pour subsister demande à chaque habitant une rétribution sous le nom de glanne. (*)

    Cettes questes (*) indécentes pour un ecclésiastique augmentent les charges de la paroisse. La

    sacristie est dans le même cas. On demande que les dixmes soyent (*) remises en leur état primitif,

    qu'elles soyent (*) rendues aux curés en au soulagement des vicaires et que les droits curiaux pour

    les enterrements, mariages et baptêmes soyent (*) abolis. Les choses saintes de la religion ne doivent

    pas de donner à prix d'argent, et c'est une surcharge pour le pauvre peuple.

     

    Les dits habitants assemblés ont nommé René Trouvé, Pierre Grosbois pour estres (*) leurs

    représentants à l'Assemblée du Mans, leur donnant plein pouvoir d'élire ceux qui doivent les

    représenter aux États Généraux et les ont chargés de représenter le présent cahier de leurs

    plaintes et doléances. En foi de quoy (*) ceux qui savent écrire ont signés,

     

    SIGNÉ : F. Trouvé , F. Tanchot, René Blin, R. Trouvé, Pierre Gaupuceau,

    J. Tanchot, P. Grosbois, René Trouvé et P. Héron, procureur syndic.

     

    (SOURCE : Bibliothèque Universitaire du Mans - DROIT LETTRES)

    "CAHIERS DE PLAINTES ET DOLÉANCES DES PAROISSES DE LA PROVINCE DU MAINE POUR LES

    ÉTATS GÉNÉRAUX DE 1789"

    (PUBLICATIONS D’APRÈS LES ORIGINAUX A. BELLÉE ET V. DUCHEMIN aux Editions Monnoyer LE MANS 1887).  

     

     

    (*) retranscription textuelle de ce qui est rédigé dans le texte. 

     




    La GABELLE DU SEL : le principe général est le suivant : le sel fait l'objet d' un monopole royal. Il est entreposé dans les greniers à sel où la population l'achète déjà taxé. La Gabelle représente environ 6 % des revenus royaux.

    La TAILLE est un impôt direct de l'ancien régime français. La taille seigneuriale apparaît dans la deuxième moitié du XI° siècle. Elle a pour but de faire contribuer les communautés villageoises aux charges de la seigneurie en compensation de la protection accordée par le Seigneur.


     



     

    LES ÉMIGRÉS, LES CURÉS RÉFRACTAIRES ET LA CHOUANNERIE


     


    " De nombreux nobles sont mécontents de ce qu'ils considèrent comme une "capitulation royale". Beaucoup d'entre-eux quittent la France.

    Le 11 Juillet 1789, Monsieur de Vauguyon est arrêté sur le chemin de l'Angleterre. (extrait données chronologiques Pierre Gouet).

    Vent de panique, hurlements des femmes et des enfants, colère des hommes. Comment est née cette terreur qui a entraîné tant de violences incontrôlées dans le Perche, le Maine, l'Anjou et jusqu'au Poitou ?

    Jeudi 23, vendredi 24 juillet sont des jours fous. On apprend que le jeudi 23, le "jeudi fou" a été aussi un jeudi sanglant à Ballon où deux nobles ont été massacrés par une foule déchaînée : le seigneur de Roullée et son gendre le comte de Montesson (extraits de la Révolution numéro spécial de O.F. de 1989).  

     

    Dans le Bulletin d'Histoire Moderne et Contemporaine paru en 1912 et intitulé "LA RÉVOLUTION DANS LA SARTHE ET LES DÉPARTEMENTS VOISINS", dans le premier paragraphe concernant l'esprit public qui règnait dans le département de 1789 au 18 Brumaire An VIII, il est fait état d'un constat de Monsieur MAGUIN qui disait en parlant des habitants du canton de la Suze que "ces gens ne voient rien au-delà de ce qui les touche personnellement". Un jugement qui lui appartient mais qui est fort sévère envers une population à grande majorité de paysans miséreux. 

     

     

     

    Plaintes et doléances de la paroisse de Fillé.

     

    Déclaré bien national à la révolution, Adélaîde Victoire Daniel de Beauvais dont le père François Daniel de Beauvais a émigré, rachète le moulin de Fillé. A la mort de cette dernière, René Livache et son épouse Louise Poussin en font l'acquisition.

     

    Plaintes et doléances de la paroisse de Fillé.

    Le 16 Janvier 1790, adieu vieilles provinces, généralités, sénéchaussées et autres bailliages ! Adieu paroisses de l'Ancien Régime. La France nouvelle vient de se doter d'habits tout neufs : 83 départements regroupant justice, finances, religion et , chacune ayant un chef-lieu, des cantons et des communes dont les conseils seront élus au suffrage direct par les citoyens actifs.

    C'est un bouleversement total que nous apporte ce nouveau costume réalisé non sans peine, car les tailleurs étaient nombreux. Et chacun a essayé d'obtenir un morceau de tissu plus grand que celui du voisin ! Et puis, quand le découpage a été obtenu (décret du 14 décembre 1789), il a fallu donner un nom à chacun de ces départements. Le Maine sera coupé en deux : le bas-Maine formant le département de la Mayenne avec Laval comme chef-lieu et la partie orientale composant la Sarthe avec Le Mans. (extrait de LA RÉVOLUTION numéro spécial de O..F. 1989). 

    En 1790, an III, Guécelard est joint à Fillé sur les listes (Dictionnaire topographique de ma France ; dictionnaire topographique de la Sarthe comprenant les noms de lieux anciens et modernes par Eugène Vallée, publié par Robert Latouche 1950-52). Source Gallica-BNF    

    Cette année 1790 vit la cessation de l'utilisation du cimetière devant l'église de FILLÉ. Le nouveau (25 ares) se mit progressivement en place à partir de cette époque là.

     

     

    LUTTE CONTRE LES INONDATIONS

    En Octobre 1791, l'Assemblée Nationale légifère pour anéantir le monopole féodal de l'eau "Nul ne peut inonder l'héritage de son voisin sans payer d'indemnité".

    En décembre 1793, la Convention vote une loi en faveur de l'asséchement des étangs afin de gagner des surfaces agricoles sur les zones inondables et d'enrayer la misère.

     

     

     

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